Chelles 2 - Fontainebleau 2 : 2 - 3

Chelles 2 n'aime pas les coupures. Personne n'aime les coupures, il faut mettre un pansement et tout, c'est désagréable. Mais à l'évidence, Chelles 2 aime encore moins ça.

La soirée commençait par un Bruno content de voir les joueurs reproduire d'eux-mêmes l'échauffement effectué la semaine passée. Parce qu'un "grand match donne suite à un bon échauffement", comme le certifia Marilou. L'effectif valide était, à un Romain près, le même qu'à Melun : Jean-Louis, Matthias, Quentin, Guillaume, Thierry, Seb, et donc Romain en renfort. Le premier set était, à quelques points près, le même qu'à Melun lui aussi : grande maîtrise, un adversaire pas encore bien dans son match malgré un retour dangereux sur la fin de set. Les joueurs, bien qu'un peu mous globalement, ont montré un certaine concentration. Puis vint la coupure avant le deuxième set, ce moment où la magie opère, mais à l'envers.

Excès de confiance suite à un premier set réussi ? Un relâchement général des organismes ? De l'aveu de Bruno, au repos mais dans son rôle de manager technique sur la touche, il est difficile de déterminer les raisons qui font régulièrement voler en éclats les certitudes aquises en début de match. Toujours est-il que la technique s'est montrée plus frileuse dans tous les compartiments du jeu, pour des offensives soudainement devenues trop prudentes et aisément relevées par l'adversaire. En face justement, la lucidité permettait à Fontainebleau de trouver des espaces vides en fond de terrain chellois, et malgré une bonne présence défensive au filet de la part de Chelles 2, de réussir à passer quelques bidouilles et quelques smashs puissants, pour remporter le second set de quatre points. L'exact inverse du premier.

A peu de choses près, le troisième set fut une copie carbone du deuxième. Thierry a sorti quelques gestes défensifs de qualité, mais a surtout pris conscience qu'il devait plus lever les balles pour permettre aux attaquants de placer des smashs incisifs. Les réceptions, plutôt bien réalisées dans l'ensemble, le lui permettaient. Fontainebleau menait 2 sets à 1 et c'était le moment de leur rentrer dedans. Alors Chelles entama ce quatrième set aux allures de course poursuite, serrée comme un café, avec plus d'envie dans le jeu mais aussi dans le comportement. Chaque point gagné donnait lieu à l'expression d'une satisfaction collective qui faisait plaisir à voir, et jusque là trop discrète. La sortie précipitée du capitaine Jean-Louis sur blessure aurait pu semer le doute, mais l'entrée de Romain fut solide : l'équipe prit le large sur la fin de set et gagna le droit de disputer la victoire en 15 points. Les derniers échanges remportés avaient galvanisé l'équipe, la dynamique et la motivation étaient de retour.

Puis vint la coupure avant le cinquième set.

Le problème de cette équipe ne semble pas venir des capacités techniques des joueurs (il faudra travailler un peu plus les services, par contre). Il apparaît clairement que le problème est dans la tête, dans la communication, dans la cohésion de groupe. Déjà, quand les joueurs sont dans leur match, ils sont plus dans leur match, leur match personnel, dans le sens où ils se demandent constamment si leur prestation est à la hauteur, et sont en proie au doute à la moindre maladresse, certains plus que d'autres. Pourquoi ? Parce que par eux-mêmes, les joueurs ont du mal à se rassurer mutuellement sur le terrain. Relativement peu d'encouragements collectifs entre les points, les cris de mobilisation seuls n'ayant que rarement l'effet escompté. Bruno en est arrivé, sur la fin du match, à demander aux joueurs de se taper tous les mains entre les points, parce que ce n'est pas quelque chose qui semble vraiment naturel au sein du groupe. Au contraire, lorsque l'un d'entre eux rate un geste, on pourra l'observer ruminer dans son coin et cumuler de la frustration. C'est un exemple parmi d'autres.

Plus globalement, l'équipe attend d'être dans la panade pour se réjouir enfin des points marqués. Fanny faisait remarquer que l'image que donne une équipe d'elle-même à son adversaire jouait grandement sur sa prestation. Il est vrai que Chelles 2 donne rarement l'image d'une équipe sereine, plutôt celle d'une équipe qui peut craquer à tout moment et ce même avec dix points d'avance. Les opposants ne s'y trompent pas. Il y a sûrement quelque chose à changer dans les réactions, dans le soutien (moral cette fois, derrière les attaquants ça va mieux), des réflexes d'équipe à acquérir sur et en dehors du terrain pour que tous se sentent en condition de donner le meilleur sur toute la durée du match et pas seulement sur le premier set.

"Et puis souriez, les gars..." ©Fanny